Les Saintes et Antigua

Voilà, nouvelles vacances, nouveaux plans. Cette fois nous partons plein sud vers les Saintes.

Au départ nous avions prévu un stop à Saint Kitts et Nevis, mais, contrairement aux voyages terrestres, il faut compter les journées de navigation, même si les distances sont finalement relativement courtes (280 kilomètres séparent Saint Martin de sa grande sœur la Guadeloupe).

Voici, avant d’entrer dans le détail, la route suivie cette fois du samedi 30 mars au samedi 13 avril 2024 :

1^ère étape : Saint Martin-Deshaies

Comme indiqué précédemment, il était prévu de s’arrêter dans les îles de Saint Kitts et Nevis, mais finalement en reprenant le planning général on s’est aperçu qu’on allait bâcler chaque visite en s’arrêtant dans trop d’îles. Après quelques heures de navigation, au large de Saint Barthélémy, l’ océan étant de bon conseil, nous décidons donc de dépasser ces îles que nous visiterons plus tard et tracer directement vers la Guadeloupe en ajoutant une navigation de nuit.  

Nous avons bien fait puisque pendant les 15 heures suivantes nous avons pu nous passer du moteur que nous avions en soutien au départ et que nous avons péché un beau mahi de 4/5kg qui nous fournira du poisson pendant tout le voyage.

Après 24 heures de navigation nous sommes donc arrivés de bon matin à Deshaies en Guadeloupe. Bien fatigués, nous avons décidé de passer la journée dans ce petit port. Pas de souci de douane ou d’immigration. En effet toute l’administration est fermée pour un pont de 5 jours (le gros weekend de Pâques ! c’est sacré en Gwada et les crabes n’en mènent pas large !). Espérons que les contrebandiers ne soient pas au courant !

La journée et la nuit vont rester un peu pénibles. L’ancre ne prend pas sur un sol composé de débris coraliens qui roulent comme du gravier. Du coup on dérape plusieurs fois avant de trouver enfin un endroit « safe ».

2^ème étape : Deshaies- Bouillantes

Toute petite étape, de deux heures et demie, avec un super vent et de belles pointes sur une mer calme.

Pourquoi un si petit trajet ? Et bien, parce que nous avons rendez-vous avec Fred  (« petit Fred » pour les intimes) et sa super petite famille, avec qui nous avons partagé tellement de moments lorsque nous vivions tous à Saint Martin, il y a 16 ans. Très bon moment, à discuter, et se tremper dans les eaux chaudes issues des profondeurs de la Soufrière.

Très bon repas également, juste en face du bateau. Je ne fais que très rarement de la publicité, mais là, je dois avouer que l’accueil familial (à une heure tardive) de « Chez Fernande » et la cuisine maison, ont été appréciés par tous. Un grand bravo !

3^ème étape : Bouillantes-Les Saintes

Nous utilisons des applications pour suivre la météo au plus proche, et pourtant, durant ce voyage nous serons souvent déçus par des prévisions bien trop optimistes. Heureusement, nous débutons en grande navigation et nous exagérons de prudence.

Cette étape par exemple était prévue pour être agréable avec des rafales ne dépassant pas les 20 nœuds et une houle correcte. Finalement, ce fut musclé, avec 25 nœuds constants, et de la houle de plus d’une mètre cinquante au trois quarts dans le nez, faisant passer des paquets de mer par-dessus les pointes et le trampoline. De gros grains se sont également mêlés de la partie.

Bon nous étions prêts, mais ça inquiète quand même quand on se balade avec sa maison.

Arrivés aux Saintes aux environs de 14h, nous avons un coup de chance, une bouée se libère (obligatoire dans la baie des Saintes). Nous allons donc loger pendant 3 jours tout près de l’embarcadère en face du village de Terre de Haut.

Que dire des Saintes ? Toujours aussi joli. Surtout avant l’ arrivée (10h) et après le départ (17h) des visiteurs.

Cette île au travers des années a su conserver son âme. On s’y sent bien. Voici un petit diaporama de nous 3 jours de balades dans le village et sur les petites routes de l’ île :

4^ème étape : Les saintes-Marina Bas du Fort, Pointe à Pitre

Après une nav’ pas terrible (voile + moteur) à cause des vents changeants sans arrêt et des nombreux casiers de pêche à éviter, nous voici rendu en Guadeloupe « continentale ». Notre mission (si nous l’acceptons) : trouver le vendredi soir une voiture de location pour dédier le samedi entier à des achats de biens que nous ne trouvons pas à Saint Martin.

Juste une image du même bateau que nous qui a raté l’entrée de la marina et qui a fini sa carrière sur le récif. Triste, mais c’est un bon rappel qui faut être vigilant.

Journée harassante autour des centres commerciaux de Jarry et de Destreland, mais mission presque entièrement accomplie. Nous avons des items de chez Decathlon, mon perco Délonghi (enfin des expressos à bord !), des nouveaux coussins pour le carré de Yalifu, etc…Malheureusement pas de machine à coudre…on verra sur Saint Martin

Cependant, une journée ça suffit. Il est temps de mettre les voiles, contourner Basse Terre et le phare de vieux Fort (clin d’œil à mon pote Lucien avec qui on a fait des barbeuques mémorables au pied du phare) pour prendre le cap au nord vers Antigua.

Après 10 heures de navigation nous atteignons à nouveau Deshaies qui constitue une bonne base de départ pour les îles du nord de l’arc antillais. Cette fois le mouillage est solide et je dors mieux.

5^ème étape : Deshaies-Antigua et Barbuda

Départ au lever du soleil pour être certains d’arriver tôt et surtout d’avoir le temps de faire les formalités d’ entrée qui contrairement à chez nous sont obligatoires (sous peine d’ amende) et très pointilleuses (les entrées et sorties sont préparées au préalable sur un site internet en fournissant un maximum de renseignements sur le bateau et l’ équipage).

L’entrée dans English Harbour est périlleuse quand on n’a pas trop l’habitude de manœuvrer. Beaucoup de bateau, des yachts, des balises, … après un savant parcours et deux demi-tours dans des mouchoirs de poche, nous nous installons tout au fond de la baie, entourés de mangrove.   

Très jolie baie avec un charme « so british ». L’entrée y est plus chère (nuit au mouillage dans la baie), mais le décor vaut le coup.

Malheureusement, des employés de chez Sunsail ont décidé d’inviter des copains à bord d’un bateau voisin et on a eu droit à des cris et de la musique de m… jusqu’ à 3 h du mat’. Dommage, ça gâche un peu.

 6^ème étape : English Harbour- Jolly Harbour

Ce côté de l’île d’Antigua est protégé par une barrière de corail. Il est possible de passer entre la barrière et l’île. Nous tentons donc ce passage et nous en profitons pour nous arrêter et de mettre le dinghy à l’eau avec palmes, masques et tubas pour aller explorer un petit bout du récif. Malgré un temps maussade, l’eau y est claire. Pas mal de beau poissons, un barracuda énorme, un beau requin pointe noire, une langouste, des seiches… une belle diversité.

Autant English Harbour nous a fait plonger dans le passé anglais de l’île, autant Jolly Harbour, nous a ramené vers un présent plus américain. Cette grande baie composée de plusieurs branches telle une main est entièrement bordée de maisons telles qu’on en trouve en Floride, dans les canaux de Fort Lauderdale ou autour de Key West (voir articles avec la loupe). Avec l’annexe nous parcourons au pas, chaque embranchement pour apprécier toutes une variété de petites maisons colorées et les bateaux attenants souvent sur des ascenseurs et ce malgré leur taille (des catamarans de 50 pieds par exemple !).  

7^ème étape : Antigua-Gustavia

Nous ne nous éternisons pas à Antigua. La météo annonce du mauvais temps et nous devons rentrer. Il faut bien travailler un peu non ? Nous reviendrons et nous visiterons également son île sœur Barbuda.

Encore une fois, les conditions météo annoncées ont été bien inférieures à la réalité. Nous nous y attendions. Départ au lever du jour à 5h30, 2 ris dans la grand-voile et un ris dans le génois.

Nous devions rencontrer des rafales jusqu’ à 25 nœuds et une houle formée de 2m/2m20. Finalement, le mauvais temps prévu que le lendemain est arrivé plus rapidement et nous passé une partie de la journée, sous grains, avec des rafales jusqu’à 34 nœuds et des creux de 2m80 voire 3m. Une dernière vague en arrivant sur Saint Barthélémy à heurté le flanc tribord du bateau et est passée par-dessus, trempant tout y compris le poste de commande situé à bâbord. Contents tout de même du comportement « rassurant » du bateau.

Pas mécontents tout de même d’arriver et de s’installer près du port de Gustavia.

Nous dédions ce dernier vendredi des vacances aux formalités d’entrée, une petite balade dans Gustavia et au repos (sieste/bouquinage…) bien mérité, après la traversée de la veille. Le soir nous changeons de mouillage et nous installons dans la Baie de Colombier (voir articles précédents) plus sauvage et surtout permettant de sortir rapidement pour Saint Martin.

8^ème étape : Saint-Barthélémy- Grand Case

Belle navigation de 3h30 qui nous a permis de rentrer chez nous à 6 nœuds de moyenne.

Voilà. J’espère que la balade vous a plu.

De notre côté le bilan est plutôt positif, même si nous réalisons peu à peu qu’à la voile, tout voyage demande du temps. Avant, en voiture, nous pouvions traverser les Etats Unis de l’Atlantique au Pacifique en 36 heures puis profiter de la Californie. Là, ce n’est pas le cas et en 15 jours, il faut savoir se limiter et compter les trajets aller et surtout retour dont la longueur peut varier en fonction des conditions météorologiques.

C’était tout de même une belle balade, très instructive sur le plan de la voile et de la manipulation du bateau, de surcroit avec une empreinte carbone et un coût de voyage très réduits. Ça, c’est quand même sympa de n’utiliser que le vent pour se déplacer et le solaire pour faire fonctionner toute la maison où que nous soyons.

Pas de casse à déclarer pour l’instant. On touche du bois. On espère qu’il en sera ainsi au moins jusqu’ en aout, lorsque nous sortirons Yalifu de l’eau pour un check up complet bien mérité et un repos « cyclonique » à terre.

En attendant, d’autres virées autour de chez nous sont prévues en mai et juin ainsi qu’une belle balade dans le sud (Grenadines) en juillet. A suivre…

A très bientôt

Fred et Christel